Contrairement aux idées reçues, l’enseignement alternatif ne s'applique pas seulement dans des écoles privées. En Île-de-France, on peut apprendre autrement dans près d’une dizaine d’établissements publics. Voici lesquels...
Montessori, pédagogie Freinet, Steiner… Quand on pense aux écoles alternatives, on imagine généralement des établissements privés avec des frais élevés, réservés aux familles aisées.Et pourtant, l’enseignement non traditionnel – en plein développement face aux lacunes du système classique et aux inégalités scolaires – existe aussi dans le public. Contrairement aux écoles privées, l’inscription est gratuite et les élèves suivent le même programme que dans le reste de l’Education nationale.
« La demande est forte, admet Bastien Sueur, délégué général de la Fespi (la Fédération des établissements scolaires publics innovants, la principale association pour l’enseignement public). C’est particulièrement le cas en primaire et au collège. Forcément, ça peut créer des frustrations, de l’attente. »
Mais au-delà du tirage au sort et des entretiens de sélection, on peut étudier dans près d’une dizaine d’établissements scolaires publics – en majorité des lycées – en région parisienne.
► CARTE. Où apprendre autrement en Île-de-France (huit établissements membres de la Fespi en Île-de-France)
Les microlycées, des structures de raccrochage en plein boom
Professeur de philosophie en classes de première et terminale, Bastien Sueur exerce au Lycée de la Nouvelle Chance, à Cergy. Premier établissement public alternatif installé dans l’académie de Versailles, le « LNC » marque un tournant en 2012. L’explosion des écoles destinées aux élèves « décrocheurs » qui veulent reprendre en main leur scolarité :« Microlycée » pour préparer le bac, « Pôle Innovant Lycéen » pour reconstruire un projet de formation et un parcours professionnel… Les établissements de ce type, adaptés à des publics particuliers, ont plus que doublé en cinq ans en région parisienne.C’est un développement assez spectaculaire pour les structures de retour à l’école en France. Et d’autant plus en Île-de-France, vu que la région concentre des difficultés spécifiques en termes de décrochage scolaire. Pourquoi ? La politique volontariste lancée sous Hollande, contre le décochage.
Pour les établissements ouverts à tous, la donne diffère :
Faute de soutien et d’accompagnement de l’Etat, de la région et du rectorat, on est quasiment au point mort pour les écoles et les lycées ouverts à tout le monde. Depuis les années 2000, il n’y a eu aucune création nouvelle en Île-de-France.
Les établissements alternatifs publics en Île-de-France, labellisés par la Fespi :
- L’école Vitruve, à Paris : Créé en 1962, l’école Vitruve s’est installée en 1992 dans ses locaux actuels, quartier de la Réunion à paris - dans le 20ème arrondissement. La pédagogie se concentre notamment sur les concepts de “citoyenneté” et “d’autonomie”.
- Le Lycée de la Nouvelle Chance, à Cergy : L’établissement, pensé pour reprendre ses études, vise les jeunes de 16 à 24 ans ayant quitté le système scolaire entre la seconde et la terminale depuis plus de six mois. Situé à Cergy-Pontoise, le LNC propose notamment des classes de petites tailles (15 élèves maximum) ainsi qu’un tutorat individualisé pour les élèves.
- Le Microlycée 93, au Bourget : A vocation expérimentale, le Microlycée 93 veut permettre aux décrocheurs de renouer avec l’école, en vue du baccalauréat ES et L. La petite structure bénéficie d’un rattachement au lycée du Bourget. Outre une remise à niveau personnalisé des élèves (seuls 50 élèves sont scolarisés, répartis sur deux classes), l’accent est mis sur la philosophie (initiée dès la première), les arts plastiques et les langues.
- Le Microlycée 94, à Vitry : Même recette (structure réduite, jeunes décrocheurs), cette fois à Vitry-sur-Seine. Les 90 élèves – répartis en seconde, première et terminale – peuvent préparer le bac ES, L, et STMG.
- Le Microlycée 77, à Sénart : Dans ce microlycée, situé à Sénart, les élèves ont vécu un décrochage d’au moins six mois, et se sont vus refuser une place dans un établissement traditionnel.
- Le Pôle Innovant Lycéen, à Paris : Le PIL accueille un public avec un « passif difficile avec l’institution scolaire ». Des élèves décrocheurs, déscolarisés sur une période plus ou moins longue. La structure est installée dans le 13ème arrondissement.
- Le Lycée Autogéré de Paris : Créé en 1982 sous Alain Savary, ministre de l’éducation nationale Savary de François Mitterrand, ce lycée vise des ados et de jeunes adultes, âgés de 15 à 21 ans. Enseignants, secrétariat, ouvriers d’entretien, mais aussi élèves (242 en tout, en S, ES et L)… L’ensemble de l’établissement participe – « autant que possible » – aux décisions internes.
- L’école collège Decroly, à Saint-Mandé : Du jardin d’enfants au collège, l’école Decroly est la seule en France à appliquer la pédagogie d’Ovide Decroly. Ici, dans le Val-de-Marne, certains modules regroupent des enfants d’âges différents (par exemple des CM2 et des 6ème, ou des 4ème et des 3ème).
Un nouveau collège alternatif à Aubervilliers, en 2018
D’ici à 2018, seules trois ouvertures d’écoles publiques entièrement innovantes sont prévues au niveau national. L’un de ces projets, prévu pour la prochaine rentrée, s’installera en Seine-Saint-Denis : un collège coopératif à Aubervilliers, mixant cours intellectuels et manuels.Ecole maternelle Living School, l’Ecole aujourd’hui… De son côté, le privé est en plein boom notamment à Paris. En France, on compte près de 700 établissements hors contrat.
Montessori, l’un des réseaux les plus connus, a accueilli environ 75 nouvelles écoles en France, sur la dernière quinzaine d’années.
Cette année, une nouvelle école liée à Montessori ouvrira ses portes à Issy-les-Moulineaux. Ecole privées ou publiques, pédagogie alternative ou traditionnelle, qu'importe : la rentrée est fixée au 4 septembre.